arts et thérapies

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La passion selon Vincent Van Gogh

Vincent Van Gogh, né le 30/03/1853 à 11h à Grot Zundert (NL) – source : M. Gauquelin

 

Tant pour son frère Théo que pour son ami le peintre Emile Bernard, Vincent Van Gogh a vécu sa vie comme un chemin de croix, crucifié par une société incapable de voir le monde à travers son regard halluciné. Toutefois, l’identification de l’artiste à une figure christique se justifierait moins dans un rôle messianique qu’au regard de l’extrême souffrance de son incarnation et de son incapacité à partager sa vision idéalisée d’un monde meilleur. Déclinées sur l’espace de la toile le temps d’une courte vie, ces thématiques pourraient être un motif dominant du thème natal de l’artiste : le carré Mars-Lune juxtaposé à Neptune .

 

« Ce qui est , est » (1) ….indépendamment de l’interprétation subjective ?

 

Aucun autre artiste n’aura plus intensément incarné la dynamique marsienne, basée sur la confrontation – pour le meilleur et pour le pire – avec l’environnement pour se sentir exister plus fort, à part entière. Tout commence peut-être avec sa naissance : on lui donne le prénom de l’enfant mort-né un an jour pour jour avant lui. Paradoxe de l’intrication de la vie et la mort qui hantera son œuvre à travers la « traque » obsessionnelle du principe vital animant la matière, la mettant en mouvement. Oscillant entre aspiration à se fondre dans le cercle familial qui le prend en charge (Lune) et affirmation brusque de son individualité (Mars), Vincent semble extérioriser dès l’enfance le conflit intérieur que suggère le carré natal entre Mars et la Lune : s’il ne s’affranchit pas activement du groupe – ou de l’univers - celui-ci risque de l’engloutir, de l’absorber. Signer de son simple prénom peut avoir été un acte fort en ce sens, c’est toutefois marquer simultanément la séparation entre les Van Gogh et lui, poser une frontière à la fois physique et psychique qui aboutit tôt ou tard à s’opposer de ses besoins intimes. Comme il l’écrira à la fin de sa vie en prenant pour métaphore l’oiseau dans sa cage, la liberté acquise est finalement une menace pour la vie : elle expose au danger, et en nous donnant l’indépendance, elle nous isole. Quelle est donc la juste position à adopter ? Se replier sur son Moi (Lune) ou suivre son instinct (Mars) coûte que coûte ? Se fondre dans un « clan » - à l’image des ordres religieux – ou prendre le risque de la solitude du franc-tireur ? Existe-il un moyen de sortir de ce dilemne ?

 

La perception dualiste de Vincent Van Gogh – que l’on retrouvera dans sa peinture – semble l’avoir amené à répondre non. A travers les choix de sa courte existence, on peut imaginer qu’il n’a pu trouver de voie médiane entre l’abandon total (Lune) ou le sacrifice (Neptune) en vivant à fond une passion exclusive (Mars). Durant son internement, il se surprendra – la dynamique marsienne ne porte pas vers l’introspection - en découvrant les tendances paradoxales qui l’habitent sans paraître se rencontrer, en particulier l’attrait pour le naturalisme (Mars) et le religieux (Neptune). Sur le plan astrologique, cette dualité naît peut-être d’une sensibilisation aux antagonismes dûs aux dominantes de signes équinoxiaux comme le Bélier et les Poissons (périodes où le jour et la nuit tendent à s’égaliser), laquelle renforce la perception marsienne de l’existence. Il existe ici un besoin d’éprouver les êtres, les situations, ses propres capacités au présent. La vie est appréhendée comme une suite de duos ou de duels selon ce qu’inspire le vécu. Être dans l’instant, dans l’ici et maintenant, dans la réalité immédiate,  tangible et préhensible est essentiel,  tout le reste n’est que balivernes ! Le seul défi qui vaille la peine c’est le problème concret du moment, quelle qu’en soit la forme, et qui demande de trouver l’acte réponse adapté. La vie devient ici une lutte de tous les instants, un sujet développé par Millet et qui a séduit Van Gogh ; lui-même, le peintre de plein air, ne peint-il pas parfois « contre » les éléments ? Ne considère—il pas que l’acte doit toujours prévaloir sur la pensée ? Sentir la vie en soi, par son corps – ou dans sa toile, son dessin pour l’artiste marsien - c’est s’assurer qu’elle perdure. Un tel fonctionnement peut donner de l’individu qui le manifeste l’image d’un rustre car les conventions n’agissent pas sur lui, pas plus que les lignes de conduites ou les croyances qui l’éloignent du réel brut. On peut opérer ici un rapprochement avec la méthode de travail « réaliste » de Van Gogh qui, en dépit de l’aspect évolutif de son graphisme, est restée une constante : contrairement à Gauguin, le frère ennemi, il répugne à reproduire à partir de l’évocation mentale ; si l’imagination intervient c’est en second sur le plan de l’interprétation du réel, non dans sa construction.

 

Ainsi, si Van Gogh  part de l’observation réaliste marsienne et de sa sensorialité pour créer avec force, ce qu’il met dans son œuvre est d’un autre ordre : c’est l’expression sensible de son expérience de l’indicible soit, sur le plan astrologique, la fonction neptunienne. Celle-ci  le rend hyper sensible,  « doué » pour vivre au plus profond de lui-même le mystère de l’incarnation. Par Neptune il ressent intensément, dans sa chair, ce que les mots et les représentations picturales ne peuvent décrire…et que ses racines protestantes lui interdisent peut-être de manifester ! Selon la façon dont l’individu la vit, la fonction  neptunienne peut conduire à la foi (y compris du charbonnier) comme à la folie, à l’exaltation des perceptions comme au génie artistique. Elle pourrait s’être accomplie dans ses multiples dimensions chez Van Gogh, dans l’œuvre et l’esprit de qui le « surnaturel » et le « naturel » se rejoignent soudain. Observateur fébrile du miracle de la vie en mouvement, il a sans doute été aussi le jouet de l’inconscient manipulateur en action. D’une manière générale, Neptune fait se sentir spontanément relié au monde, d’où des qualités d’empathie et de compassion très marquées, ainsi que la faculté de vivre l’amour dans sa dimension la plus universelle (agapê). Le défi principal pour l’âme est alors de rendre palpable l’amour, de réaliser ses utopies sans être la proie des chimères ni se marginaliser. Ceci alors même que les mots manquent  et qu’on se sent peut-être plus poète inspiré que meneur d’hommes combattif et inspirant. C’est là peut-être que l’échec de Van Gogh, incarnation de l’artiste maudit si cher à son époque, se révèle le plus cuisant: dans son incapacité à trouver des objets « réceptacles de (ses) révélations » (2) – autrement dit des amateurs de ses œuvres – frustrant ainsi le besoin de dévotion et de fraternité qui motivent son existence.

 

Toutes ressemblances entre les dynamiques de Mars et de Neptune et la démarche artistique de Van Gogh, son rapport au monde ou sa destinée tragique, pourraient donc ne pas être complètement fortuites, d’autant plus que chez cet artiste enthousiaste l’art et la vie ont pour finalité d’être unifiés. Or, les deux tendances exposées plus haut apparaissent dans son thème comme coexistant sans être reliées : tant dans l’œuvre comme dans l’organisation de la psyché il n’existe aucun pont reliant réalités intérieure (Neptune) et extérieure (Mars). Ce manque, Van Gogh va s’épuiser en tentant de le pallier tout le long de sa fulgurante carrière.

 

Observer pour mieux voir, contraster pour mieux unifier ?

 

C’est à travers la représentation et l’identification au vivant que Van Gogh manifeste sa vérité et sa quête impossible : l’unité (fantasme lunaire) de l’art et de la nature (perçus sur un mode marsien), de l’objectivité des apparences et de l’interprétation subjective.

Cette recherche d’unité passe en premier lieu par les sens et plus particulièrement la vision qui sous l’influence de Mars devient organe actif, presque outil de préhension. Son importance est telle qu’il semble concentrer toute son énergie vitale – hypothèse relevée par Ingo Walther d’après un précepte de Nietzsche - sur cet outil privilégié du peintre : l’œil, fenêtre mais aussi interface entre intériorité et extériorité. Voilà sans doute pourquoi Van Gogh peint ce qui l‘impressionne – littéralement, physiquement, sur un mode marsien et vénusien puisque dans le thème ils s’allient- comme étant des expressions de son âme (Neptune). Par l’observation de la réalité concrète (marsienne) c’est l’émotion qui est ravivée, ressuscitée (Vénus) et engendre la dévotion (Neptune) en dévoilant un monde simple et complexe à la fois. Un univers révélant au-delà des apparences brutes de la matière l’immanence du « Vivant » (Dieu dans tous les phénomènes de la réalité). C’est cet « infini et merveilleux » moment où le tout petit et le tout puissant se rencontrent – et se fondent - que l’artiste cherche dans sa peinture avec zèle au détriment même de sa santé, comme un graal. C’est sa réalité (Mars), entrevue l’espace d’un instant par l’expérience sensible (Neptune) que Van Gogh entend matérialiser sans recul. Il tente ainsi d’offrir à ses frères d’humanité la consolation, le temps de l’observation, qu’offre le sentiment de non séparabilité de soi avec le cosmos.

 

En tant que peintre, il se sait médium entre la vie et l’art, au mieux co-créateur car sa participation est temporaire et relative. De ce constat découle initialement la nécessité de refouler ses réactions subjectives pourtant fortes (le « je » affirmé de Mars)  pour laisser la place à la nature (Lune). Mais progressivement va s’opérer dans la peinture de Van Gogh un glissement du réel objectif vers le subjectif (Vénus, Neptune). L’important n’est bientôt plus le modèle mais son traitement à travers la perception juxtaposée de l’œil marsien et du psychisme neptunien. S’il reste un « réaliste » par son approche, le spectateur peut sentir qu’il projette sur ses motifs des variations interprétatives personnelles, ce que Panofsky appelle le « disguised symbolism »(3) et que l’on retrouve dans la tradition picturale hollandaise marquée par l’interdit d’une représentation religieuse « directe ». Visuellement, cela se traduit par l’association, la juxtaposition, le contraste, du simple et du compliqué (sensibilité marsienne aux duos/duels). « Sémantiquement », le motif contient divers niveaux ou pistes de significations, la création aboutissant ici à une analogie personnelle du sens et de la forme. La méthode de Van Gogh consiste à laisser se manifester une forme ou un motif pour donner chair à un sentiment, une émotion (en particulier la religiosité). De plus en plus, c’est la sensibilité de l’artiste qui envahit l’espace pictural à l’instar de la végétation foisonnante qui le défie depuis son œil-fenêtre. Dans le psychisme de Van Gogh le réel marsien semble supplanté par la sensibilité neptunienne et le fantasme lunaire pour faire de l’acte créateur l’existence authentique par-delà les épreuves ou les oppositions.

 

C’est un combat où il faut se lancer de tout son être et où la force d’expression compense la faiblesse technique. Quelle que soit la période de l’œuvre, la cohérence « organique » entre les éléments tient sans doute toujours plus de l’intention que de la virtuosité graphique laborieusement gagnée. Hélas, les progrès réalisés ne changent rien à l’affaire : il est de plus en plus difficile de concilier ce qu’est le tableau et ce que l’artiste voudrait qu’il soit. Un fossé demeure infranchissable entre vision sublime et réalité, sensation appelant à être représentée et exécution, entre le monde de la transcendance neptunienne et de l’existence marsienne…

 

 

« Tout ce qui est vivant est sacré » (William Blake)

 

La nature polymorphe est le motif de prédilection de Van Gogh, envisagée tantôt sous l’angle microscopique, tantôt macroscopique. Dans le contraste. Dans l’ambivalence. Dans l’inévitable rapport dialectique marsien.

On pense par exemple à l’abolition de la distance physique – mais non spirituellement – entre peintre et sujet, au besoin de symbiose et de proximité avec lui…Ce dernier suggère une possible tentative de sublimation de l’aspect Mars-Lune : on n’est plus englouti par la nature lorsqu’on se fond volontairement en elle spatialement et émotionnellement. L’altération du psychisme va exacerber les tendances natales du thème : le peintre ressent de plus en plus le paysage dans lequel il vit, dans sa beauté brute tout autant que dans son angoissante puissance chaotique. La période d’enfermement volontaire à l’asile fait ainsi écho à la problématique luno-marsienne, elle la résout temporairement par un choix : s’appuyer sur la Lune (repli sur son moi, renoncement à s’affirmer dans son quotidien grâce à un environnement porteur) pour retenir la fougue marsienne (épuisement causé par l’excitante diversité du monde). Une stratégie inefficace à long terme puisqu’elle ne dépasse pas la dualité…

La nuit étoilée apparaît comme une étape représentative de cette période : depuis un point de vue imaginaire, l’artiste observe des forces naturelles idylliques et menaçantes à la fois, primitives et sacrées. La fascination pour l’énergie brute paraît irradier des éléments mis en scène. Van Gogh exprime-t-il ainsi l’ambigu statut de l’âme neptunienne prisonnière ou exaltée par la matière marsienne ? L’artiste, qui rêvait naïvement de communion, d’harmonie et de douceur, se retrouve confronté à la face terrifiante de « Dieu » condensée dans des lignes où l’ordre et le chaos s’imbriquent vertigineusement. La touche qui s’attelle à uniformiser ces contraires témoigne de sa tourmente intérieure ; la familiarité cède le pas à l’étrange. Le monde est définitivement paradoxal, les puissantes énergies vitales peuvent aussi engendrer la mort lorsqu’elles ne sont pas ordonnées, cadrées, domptées…

Impuissant, l’homme ne peut que se faire témoin. Etranger.

 

L’action : antidote de la souffrance et de la solitude ?

 

Très tôt, Van Gogh va s’identifier à l’étranger, celui qui échoue à faire de « vraies » rencontres, celui qui ne parvient pas à être intégré au groupe, celui dont l’âme vibrante ne peut s’accommoder d’une vie terrestre douloureuse où l’on est « séparé » de tout et de tous … (carré Lune-Mars). Pour compenser son sentiment d’abandon et d’inutilité – et ne plus se sentir comme un mendiant -  Van Gogh va énergiquement exploiter son plus grand talent : créer. Mais foncièrement utopiste, c’est un monde meilleur, plus beau, plus lumineux qu’il va chercher à matérialiser en faisant de ses toiles un support plutôt qu’une fin. Il ignore qu’il s’engage dans une croisade perdue d’avance car cette patrie ne peut exister que dans son esprit malgré sa certitude que l’expression authentique et la vivacité peuvent tout. Marsien, il « s’engage » à travers des œuvres à portée de manifestes (les mangeurs de pommes de terre), galvanisé par la motivation des sentiments (Mars-Vénus). Comme il l’écrit lui-même dans la lettre 309 à Théo, le but de sa vie c’est « créer avec cœur et amour, force de volonté ». Ainsi s’il faut vivre pour comprendre c’est-à-dire être en empathie (Neptune), il faut agir – jusqu’à la souffrance - pour exister (Mars). Marqué par le christianisme, Van Gogh entrevoit un lien à façonner entre Mars et Neptune : par la souffrance, on s’ouvre à Dieu. La mise à l’épreuve brutale de la matière conduit à la spiritualité, ce qui l’amène un temps à maltraiter son corps (flagellation, privations diverses).

 

Finalement, quelles qu’en soient les formes, l’action est une échappatoire, une fuite. Se percevant come un manuel, Van Gogh s’acharne à produire et, pour se faire, pousse sa mécanique corporelle aux extrêmes pour atteindre rapidité d’exécution, fulgurance du traits, intensité chromatique…Né un siècle plus tard on aurait pu dire de lui qu’il était « workaholic »(4) ! Cette matérialité qu’il étudie avec tant de violence et de tendresse mêlées (Mars-Vénus), fascine Van Gogh en même temps qu’il pourrait vouloir échapper à ses lois « magiques » : pour lui, dans l’art comme dans la nature, la fixité c’est la mort. Nouveau paradoxe chez celui qui, désespéré de vivre, s’efforce toutefois de maîtriser la vie à travers son art. Est-ce pour mieux s’en émanciper alors comme il s’émancipe des styles qu’il a dominés ? On pense ici l’incident survenu l’été 1889, lorsqu’il tente d’avaler sa peinture : cet acte « régressif » est-il motivé par l’intention d’assimiler enfin, par l’acte d’ingestion, le pouvoir de « vitalisation » de la peinture ? Cette magie de la vie il l’effleure dans ses croquis, à travers le mouvement. Hélas, l’illusion, l’artifice, ne sauraient suffire à celui dont les ressentis sont intenses. Lui brûlent-ils les yeux autant qu’ils incendient son âme ? Les derniers mois de sa vie lui font prendre conscience de l’impact néfaste de son hyper réceptivité aux stimulations de l’environnement. A nouveau il semble passer d’une dynamique marsienne survoltée à la recherche – tout aussi excessive – d’un univers lunaire impassible. Il est alors persuadé que toute nouvelle incursion au pays de la lumière flamboyante (le Sud) peut lui être fatale et repart vers le nord. Sa peinture s’en ressent, dont la touche se nuance et semble pacifiée, mais son suicide viendra une fois de plus déchirer le voile de l’illusion.

 

Van Gogh a placé son œuvre et sa vie sous le signe de la compensation. Tantôt renonçant (Lune), tantôt insoumis (Mars), il a cherché à sublimer ses épreuves par sa créativité artistique. Prophète voire Messie pour certains de ses contemporains, il pourrait revêtir avec autant de fougue et de détresse l’habit du héros tragique qui, outrepassant les limites de sa condition humaine par amour de la vérité, est condamné à l’errance physique et mentale. 

Van Gogh a voulu créer un monde impossible à représenter. Ce manque de « talent » l’a anéanti, son exécution n’étant jamais à la hauteur de sa vision intérieure (manque de lien entre Mars et Neptune ?). Son combat contre la vie et la mort était sans issue ; résigné, il s’en est retiré, s’est effacé, pour que son œuvre vive sa seconde vie de consolation. Résolvant enfin la tension luno-marsienne et libérant Neptune de son isolement. Faisant enfin fusionner l’art et la vie à travers l’unité de l’artiste et sa production.

 

 

(1)              Vincent Van Gogh à Théo (lettre 345)

(2)              Œuvre complet, tome 2 « Raffinement Esthétique »

(3)              « Symbolisme déguisé »

(4)              Anglicisme renvoyant aux personnes souffrant d’addiction à leur travail

 

 

Bibliographie

Van Gogh – Œuvre complet tomes 1 et 2 , de Ingo F.Walther & Rainer Metzger (ed. Taschen 1993)



11/03/2011
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